Torii

鳥居

Les Torii sont des portails sacrés emblématiques du paysage japonais, symbolisant l’entrée d’un sanctuaire shinto. Ces structures, souvent peintes en rouge vif et caractérisées par leurs piliers et leur linteau, définissent visuellement le seuil entre le monde profane et le sacré. Les Torii sont bien plus que de simples portiques ; ils sont des symboles puissants de la spiritualité, de la tradition et de la connexion entre le divin et le terrestre dans la culture japonaise.


 

Culture


 

Définition de Torii

鳥居 Torii, portail sacré
鳥居 Torii, portail sacré

Un Torii (鳥居) est un portail traditionnel japonais, communément érigé à l’entrée d’un sanctuaire shintoïste, afin de séparer l’enceinte sacrée de l’environnement profane. Il est aussi considéré comme un symbole du shintoïsme.

Torii Fushimi Inari-taisha 2

Étymologie de Torii

Le mot Torii est composé des kanjis suivants :

  • qui signifie « oiseau »
  • qui signifie « être, se trouver, habiter »

Torii signifie donc « là où sont les oiseaux » ou encore « demeure pour oiseaux ». Ce mot proviendrait de la légende Ama no Iwato (天の岩戸, grotte de la déesse du Soleil).

Selon la mythologie japonaise, on raconte que la déesse du Soleil Amaterasu (天照), qui était en colère à cause de la mauvaise conduite de son frère Susanoo (スサノオ), s’était enfermée dans une grotte, plongeant le monde dans l’obscurité et le chaos. Les dieux se réunirent pour trouver une solution et installèrent des coqs sur un perchoir devant l’entrée de la grotte, afin qu’ils chantent. Cela a intrigué la déesse, qui finit par sortir de la grotte, ramenant de ce fait la lumière. Des perchoirs à oiseaux auraient par la suite été installés devant l’entrée des sanctuaires.

Amaterasu sortant de la caverne, estampe de Shunsai Toshimasa (1889)
Amaterasu sortant de la caverne, estampe de Shunsai Toshimasa (1889)

Histoire des Torii

On pense que les premiers Torii se sont développés au Japon. Des écrits anciens attestent de leur présence au Xe siècle et ils sont communs dès le milieu de la période Heian (794 – 1185). Leur origine semble devoir être rapprochée de celle des toranas bouddhistes, en Inde et au Népal. Il est possible que l’utilisation des Torii se soit développée progressivement.

Le Torii est le résultat de la transformation du système de délimitation des sanctuaires. Initialement, elle se marquait au moyen de quatre poteaux, situés chacun à un angle du temple : une corde tendue entre eux marquait la limite entre l’emprise sacrée du sanctuaire et l’extérieur. Deux poteaux plus grands ont ensuite été rajoutés au milieu du côté qui se prêtait le mieux à accéder au sanctuaire ; la corde aurait ainsi été rehaussée entre ces deux poteaux afin de permettre aux prêtres d’entrer. Plus tard, la corde a été remplacée par un linteau de bois, et pour renforcer la structure, on rajouta un second linteau : on obtient ainsi un shinmei torii (神明鳥居) de base. La corde tendue entre les quatre poteaux d’angle a également évolué pour devenir, plus communément, une clôture en bois.

Structure d’un Torii

Un Torii est constitué de deux montants verticaux (柱, hashira) supportant deux linteaux horizontaux : un linteau supérieur (笠木, kasagi), et un linteau inférieur (貫, nuki). Les Torii sont traditionnellement réalisés en bois, et peints en vermillon. Certains ont la base peinte en noir.

Structure d’un Torii

Le plus ancien Torii en bois toujours existant est celui du sanctuaire Kubo Hachiman dans la préfecture de Yamanashi. Il date de 1535, et se rattache au style ryōbu. Il existe également des Torii en pierre ; ce matériau a été couramment utilisé pour sa solidité et sa durabilité. Ainsi certains Torii en bois ont pu être remplacés par des Torii en pierre.

Enfin, certaines techniques de construction emploient un placage en cuivre sur une ossature en bois. Le plus ancien Torii de la sorte connu est celui du temple Kinpusen-ji situé dans la préfecture de Nara. Construit en 1455, il s’agit d’un Torii de type myōjin. De nos jours, certains Torii sont même construits en béton armé ou en métal.

Les différents types de Torii

Il existe une grande variété de Torii, qui se classent en différentes catégories sur la base de caractéristiques subtiles. Structurellement, le plus simple est le shime torii (注連鳥居). Probablement l’un des types les plus anciens de Torii, il est constitué de deux poteaux avec une corde sacrée appelée shimenawa (注連縄) attachée entre eux.

Tous les autres Torii peuvent être divisés en deux grandes catégories :

  • Les Torii droits, appelés shinmei torii (神明鳥居), qui comprennent 5 variantes principales 
  • Les Torii recourbés, appelés myōjin torii (明神鳥居), qui comprennent 6 variantes principales
神明鳥居 Shinmei torii
神明鳥居 Shinmei torii
明神鳥居 Myôjin torii
明神鳥居 Myôjin torii

Usage des Torii

La fonction d’un Torii est de marquer l’entrée d’un espace sacré. Pour cette raison, la route menant à un sanctuaire shinto est presque toujours chevauchée par un ou plusieurs Torii, qui constituent donc le moyen le plus facile de distinguer un sanctuaire d’un temple bouddhiste.

Du fait de sa fonction de séparation symbolique du monde physique et du monde spirituel, chaque Torii traversé lors de l’accès à un sanctuaire doit être retraversé dans l’autre sens afin de revenir dans le monde matériel. Il n’est pas rare de voir des Japonais contourner un Torii lorsqu’ils pensent ne pas repasser plus tard par cet endroit.

De plus, en raison de la relation étroite qui existe entre les sanctuaires shinto et la famille impériale japonaise, un Torii se dresse également devant la tombe de chaque empereur.

Quelques Torii emblématiques du Japon

Au-delà de leur signification religieuse, les Torii sont également des éléments esthétiques qui inspirent l’art, la photographie et la créativité au Japon et à travers le monde. En tant que porteurs de tradition et de spiritualité, les Torii demeurent des éléments architecturaux emblématiques qui incarnent la profondeur de la culture japonaise.

Parmi les plus célèbres, nous retrouvons le grand Torii flottant du sanctuaire d’Itsukushima qui est l’une des attractions touristiques les plus populaires du Japon. La vue du Torii avec en fond le mont Misen, est désignée comme l’une des « trois vues les plus célèbres du Japon » avec le banc de sable d’Ama no hashidate et la baie de Matsushima. On l’appelle aussi « la porte du Japon ». Ce sanctuaire shinto situé dans la ville de Hatsukaichi sur l’île d’Itsuku, dans la préfecture d’Hiroshima, est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1996.

Torii sanctuaire d'Itsukushima

Le Fushimi Inari-taisha est également l’un des lieux les plus emblématiques en matière de Torii. Il est le sanctuaire principal de la déesse Inari et est situé dans le district de Fushimi-ku à Kyoto. Fushimi Inari-taisha est un complexe composé de petits sanctuaires disséminés sur l’ensemble d’une montagne ainsi que de bâtiments principaux au pied de cette dernière.

Ce sanctuaire est surtout connu pour ses milliers de Torii vermillon formant un tunnel sur la colline sur laquelle le temple est construit. Ces Torii sont pour la plupart des dons faits par des particuliers, des familles ou des entreprises à Inari. Le nom des donateurs figure souvent sur les montants du Torii. Le coût d’un Torii valait en août 2016 entre 175 000 et 1 302 000 yens.

La déesse Inari est la protectrice des céréales et plus particulièrement du riz. Elle est également historiquement associée à l’abondance et la richesse, devenant la patronne des commerces ; ce qui peut expliquer la présence de ces milliers de Torii offerts par les particuliers et les entreprises japonaises.

Torii Fushimi Inari-taisha

Les Torii, source d’inspiration

Derrière chaque jeu culte, il y a une histoire, une inspiration. C’est une particularité que l’on retrouve souvent chez Nintendo, notamment chez Shigeru Miyamoto, responsable d’un nombre incalculable de licences classiques. Ainsi, alors que certains s’inspirent des films pour leurs personnages, Shigeru Miyamoto préfère quant à lui s’inspirer de son environnement.

En 1993, Argonaut Software et Nintendo collaborent pour développer le jeu vidéo Star Fox (sur la Super Famicom), un shoot them up proposant des graphismes en trois dimensions. Vers la moitié du développement, Shigeru Miyamoto s’attelle au scénario et au design des personnages.

Alors qu’il marche dans le sanctuaire Fushimi Inari-taisha à Kyoto, Shigeru Miyamoto se met à traverser les Torii, dont le but est de guider les voyageurs et les pèlerins en leur offrant un chemin clair. Il lui vient alors une idée. Pourquoi ne pas offrir quelque chose de similaire pour son dernier jeu, situé dans l’espace ? Ce dernier peut en effet sembler un peu confus sans vrai chemin à faire parcourir au joueur, et parsemer son avancée de portails du même genre pourrait lui offrir une vision claire de la direction qu’il doit prendre. Une idée de génie qui fut par la suite implémentée dans le jeu, et qui finira par influencer de nombreux jeux de l’époque. Beaucoup d’entre eux offriront en effet ce même type de balises pour les phases de jeu aériennes.

Star Fox
Star Fox (1993), Super Famicom

De plus, les statues présentes dans le Fushimi Inari-taisha représentant Inari, la déesse shinto des céréales à apparence de renard, ont inspiré Shigeru Miyamoto pour créer le design du personnage principal : Fox McCloud.

Statue de renard (kitsune), sanctuaire d'Inari

Sources :

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