Le 1er février 1953, la chaîne de télévision publique NHK émet pour la première fois, suivie le 28 août par la chaîne commerciale NTV. La croissance rapide du réseau de télévision a poussé le gouvernement japonais à réfléchir à la construction d’une antenne permettant de couvrir Tokyo et ses alentours. La topographie relativement plate de la région du Kantō rendait possible l’utilisation d’une seule antenne, pour peu qu’elle soit assez grande. Cette dernière permet la diffusion de signaux de télévision dans un rayon de 150 km.
Le gouvernement a donc décidé de construire une tour qui devait être le symbole de la reconstruction du Japon, encore marqué par les séquelles de la Seconde Guerre mondiale. Elle se devait de dépasser les références occidentales, comme la tour Eiffel dont elle s’inspire.
En raison des risques sismiques dans la région, touchée 30 ans auparavant par un grand séisme, la conception de la tour est revenue à Tachū Naitō, spécialiste de la construction parasismique. Il l’a conçue pour résister à des séismes deux fois plus puissants que le séisme de 1923 de Kantō, mais aussi à des vents supérieurs à 220 km/h.
En plus des contraintes naturelles, Hisakichi Maeda, président de la Nihon Denpatō et propriétaire de la tour, voulait qu’elle dépasse l’Empire State Building, qui était alors, du haut de ses 381 mètres (au niveau du toit), la plus haute structure du monde. Cependant, il semble que le manque de fonds et de matériaux ait eu raison de ce projet.
La construction débute en juin 1957, sur le site d’un ancien temple bouddhiste. Environ 400 ouvriers spécialisés dans la construction de gratte-ciels font partie de l’aventure. Sous les ordres de Seita Kurosaki, ils assemblent les 4 000 tonnes de poutres d’acier, dont environ un tiers provient de 90 chars de combat américains endommagés pendant la guerre de Corée.
Un an et demi plus tard, la tour est érigée et l’assemblage de l’antenne de 90 mètres est terminé le 14 octobre 1958. La Tour de Tokyo atteint alors 333 mètres, ce qui en fait la plus haute tour autoportante de l’époque, mais aussi la plus haute tour de Tokyo, loin devant les 40 mètres du bâtiment de la Diète nationale.
Sa peinture caractéristique, orange international et blanc, satisfait aux règles de sécurité aérienne. 28 000 litres de peinture sont nécessaires pour peindre la tour dans son intégralité, et cette opération doit être répétée tous les 5 ans.
La tour a ouvert ses portes au public dès le 23 décembre 1958 et elle a finalement coûté 2,8 milliards de yens. Elle n’est équipée qu’en 1961 d’antennes radios, situées au-dessus du premier observatoire à environ 200 mètres du sol.