Le Nue est une créature fascinante et énigmatique du folklore japonais. Se manifestant sous la forme d’un être hybride, le Nue est décrit comme un mélange de plusieurs animaux, possédant la tête d’un singe, le corps d’un tanuki, les pattes d’un tigre et la queue d’un serpent. Cette combinaison hétéroclite reflète la nature imprévisible et malveillante de ce yôkai.
Culture
Description du Nue
鵺 Nue
Un Nue (鵺, s’écrit aussi ぬえ) est une créature fantastique de la mythologie japonaise. Il s’agit de l’un des plus anciens yôkai répertoriés. Il apparaît pour la première fois dans le Kojiki (712), un récit des premières histoires du Japon. Il apparaît également dans l’encyclopédie de la période Heian, Wamyō ruijushō (938), puis dans le Heike Monogatari (1371).
Cette créature a la tête d’un singe, le corps d’un tanuki, les pattes d’un tigre et la queue d’un serpent. Un Nue peut aussi se transformer en nuage noir et voler. À cause de son apparence, il est souvent appelé chimère japonaise. Les Nue sont considérés comme des monstres maléfiques et sont censés être porteurs de malchance et de maladie.
Étymologie de Nue
Le mot Nue, en plus de désigner cette créature, était le nom ancien du tora-tsugumi (Grive dama, un oiseau). Au Moyen Âge, les Japonais ont associé le cri strident de cet oiseau à celui de l’animal mythique. On pensait alors qu’il s’agissait d’une sorte d’oiseau nocturne, c’est pourquoi le kanji utilisé pour nommer cette créature, Nue 鵺, est composé des clés 夜 (nuit, soir) et 鳥 (oiseau).
Comportement du Nue
On sait peu de choses sur l’habitat naturel et le mode de vie du Nue. Dans les récits traditionnels, le Nue est souvent associé à des présages de malheur et des phénomènes mystérieux, tels que des maladies ou des désastres naturels. Sa capacité à se transformer en nuage noir et à émettre des cris effrayants la nuit renforce son image de créature redoutable.
Légendes autour du Nue
Nue par Utagawa Kuniyoshi (1852)
Une des légendes les plus populaires concernant le Nue est celle racontée dans le Heike Monogatari. Au cours de l’été 1153 à Kyoto, l’empereur Konoe commença à faire des cauchemars toutes les nuits et tomba très malade. Ni les médicaments ni les prières n’eurent d’effet sur sa maladie, et l’origine en fut attribuée à une sorte d’esprit maléfique qui visitait le palais chaque nuit.
Ces événements ont atteint leur paroxysme quelques jours plus tard lors d’un orage qui s’est abattu sur le palais impérial vers 2 heures du matin. La foudre s’abattit sur le toit et y mit le feu. L’empereur invita le légendaire samouraï Minamoto no Yorimasa à s’occuper de l’esprit maléfique.
Au cours de la nuit, un vent étrange souffla, suivi d’un nuage noir. Yorimasa décocha une flèche dans le nuage, au-dessus du palais, et un cri horrible jaillit du ciel, tandis qu’un Nue tombait sur le sol. L’empereur se remit immédiatement de sa maladie et récompensa le héros en lui remettant le légendaire katana Shishiō.
Après la mort du Nue, les habitants de Kyoto, craignant une malédiction en représailles pour avoir tué la bête, chargèrent son corps dans un bateau et l’envoyèrent sur la rivière Kamo. Le bateau transportant le corps du Nue s’est finalement échoué sur un rivage près du village d’Ashiya, dans la préfecture de Hyogo. Les citoyens d’Ashiya ont récupéré le corps du Nue, lui ont construit un tumulus et lui ont donné des funérailles en bonne et due forme. Aujourd’hui encore, on peut visiter le tumulus, connu sous le nom de Nuezuka.
Symbolisme
Le Nue incarne souvent des thèmes de chaos et de présages maléfiques dans le folklore japonais. Sa nature composite et ses caractéristiques empruntées à divers animaux peuvent symboliser la peur de l’inconnu et le danger des forces incontrôlables de la nature.
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